Conférence du CREFO
La civilisation des expertes à l’ère du digital : quelques voix du cyberféminisme en Afrique noire francophone
L’injustice sociale est aussi épistémique dès lors que se dégage, en filigrane, une asymétrie des procédures dans les mécanismes de validation du savoir institutionnellement reconnu. C’est pourquoi les prismes et cadres de référence issus des collectifs périphérisés, mis sous scellés sans échéance, se trouvent exclus des rouages de « la science », ou simplement ignorés, invisibilisés et infériorisés, réduits en qualité d’objets d’étude pour mieux en souligner la caricature. Fortement inspirée par la « sociologie des absences » de Boaventura de Sousa Santos, en rupture avec l’universalisme euro-centré, la conférencière propose une mutualisation des formes de production de la connaissance en perspective avec une cyberproduction des savoirs, afin de repenser les projets de libération du corps-femme en contexte africain au XXIe siècle.
À propos de l’intervenant/intervenante

Odome Angone
est docteure en philologie espagnole de l’Université Complutense de Madrid. Elle cumule dix ans d’enseignement à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Autrice de nombreux articles scientifiques et divers ouvrages collectifs, son roman Roi-dieu coupé (2013) articule folie et amnésie collective en contexte postcolonial. Son essai Femmes noires francophones (2020) interroge les rapports de pouvoir entre race, genre, langue et colonialité du récit. Son ouvrage le plus récent ¿De qué color son los blancos? Un decálogo de herramientas sobre justicia epistémica (2025) met en lumière les biais inconscients de la neutralité scientifique. Selon une perspective décoloniale et une méthode de recherche interdisciplinaire et comparatiste, ses objets d’étude autour des catégories sociales multi-minorisées portent sur la sociologie des identités notamment la diglossie, les Border studies, l’Afrodescendance espagnole contemporaine, le Cyberespace, les pratiques du féminisme en contexte africain, la justice épistémique et les savoirs endogènes. Elle est co-fondatrice de SIRA, une université d’été décoloniale et l’initiatrice de Zones Grises, une plateforme de pensées critiques.